Atelier Lectures Françoise 10 06 2024

27/6/2024

CR Atelier Lectureslundi 10 Juin 2024

 

Nous étionsencore nombreux pour ce dernier atelier lectures de l’année 2023/24 ! Deuxromans au programme : « Cézembre » d’Hélène Gestern, et« Ce que je sais de toi » d’Eric Chacour.

« Cézembre » d’HélèneGestern   (ed.Grasset)

L’auteure nous guide dans les secrets d’une riche familled’armateurs malouins, les Kérambrun, de 1906 à nos jours. Au présent, Yann, lenarrateur, se retire à Saint Malo dans la maison familiale face à l’île deCézembre. Il est dans une période de rupture et il n’a pas envie de rejoindreson poste d’historien à la Sorbonne. Or, dans la bibliothèque de la maison, iltombe sur les carnets d’Octave, son arrière-grand-père, dont il découvre lesréussites de capitaine d’industrie mais aussi, les échecs intimes, échecs quifont écho à ses propres souffrances. Au fil de ses découvertes, il comprend commentl’île de Cézembre en 1944, est devenue le théâtre d’un double anéantissement,militaire et familial…

Ce roman sensible etdocumenté a beaucoup plu à nos lectrices déjà admiratrices de « L’odeur dela forêt » paru en 2011. L’auteure a l’art d’utiliser tous les ressorts duromanesque pour nous faire entrer dans cette fresque historique de 600 pages.Mais elle choisit de développer la description poétique de la côte bretonne, latragédie de cette ile plutôt que de revenir sur le bombardement de Saint Malo.Elle reprend à son compte l’idée selon laquelle nous serions dépositaires destraumatismes de nos ancêtres et que nous hériterions aussi d’une mémoire trans-générationnelle.

 

« Ce que je saisde toi » d’Eric Chacour   (edPhilippe Rey)

Une belle unanimité autour de ce premier roman déjà plusieursfois primé. (Prix Fémina des lycéens. Prix des libraires et Prix des 5continents de la Francophonie 2024)

L’auteur nous embarque dans un récit à la 2èmepersonne, tu, sans que le lecteur puisse deviner (100 pages) qui raconte ni àqui il s’adresse. L’originalité de cette construction – « toi, moi,nous » - nous a paru très intéressante pour éviter tout voyeurisme. Mettreen scène une liaison homosexuelle dans la société cairote des années 60/80 avecbeaucoup de pudeur et de tendresse est une forme de prouesse !

Ce sont les personnages féminins qui interrogent : lafemme d’abord qui cache la naissance d’un enfant, la grand-mère qui veut sauverl’honneur de la famille et préserver ainsi l’ordre social.  Alors que le personnage principal, Tarek,préfère la fuite à la honte…en quittant l’Egypte pour le Canada.

En toile de fond,  les beauxquartiers de la ville du Caire habités par la communauté libanaise, riche etoccidentalisée, qui depuis, a fui.

Il s’agit d’un premier roman bouleversant sur l’amour – unepassion interdite – sur l’exil et la filiation. Et au final, une quêted’identité …

 

Nos coups decœur !

 

« Le barman du Ritz » dePhilippe Collin (ed. Albin Michel)

 

Le 14 juin 40, les Allemands entrent dans Paris mais le Ritzreste ouvert (la veuve Ritz est suisse) et  devient « la résidence du gouverneurmilitaire de France » en accueillant une centaine d’officiers supérieursde la Wehrmacht.

Frank Meier, le barman, sert les Allemands, côtoie SachaGuitry, Cocteau, Jünger, Blanche et Claude Auzello mais aussi fournit des fauxpapiers aux Juifs, aide certains à échapper à la Gestapo, cache ses originesjuives et tente de protéger Luciano.

Ce personnage ambigü incarne la complexité de ce monde entrecollaboration et résistance.

Il va organiser les conditions de sa « survie »pendant quatre années !

Un roman d’une grande précision historique mais aussi trèsagréable à lire.

 

« Apre monde » FranckBouysse (ed. Phoebus )

Suite de « Pur sang » et deuxième partie de« La marche du rêveur ». On retrouve Elias à son retour de France oùil a élucidé le mystère de sa naissance et l’histoire de sa famille biologique.

Elias Grennhill commence par faire disparaître la cabane quiappartenait à ses « parents » adoptifs « indiens ». Ilachète un coin de forêt aux Drumm et reconstruit une cabane en bois. Il veutprotéger cette forêt contre la folie destructrice de son propriétaire. Cependant,Elisa devenue la femme de Drumm, vient le provoquer… Le mari jaloux voudra sevenger …

Roman dans la tradition du roman noir américain, qui prendappui sur la destruction de la civilisation indienne par les Européens.

 

« Turbulences »     Eshkol Nevo

Dans trois « novellas » qui finissent pars’entrecroiser, l’auteur explore les « turbulences » qui parfoisébranlent les relations humaines. Flirtant avec le thriller, il ausculte lanature humaine dans ses secrets, ses contradictions, ses vérités et sesmensonges, ses doutes aussi face aux multiples « possibles » d’unemême situation …  Et, ce faisant, ildresse, en filigrane, un portrait de la société israélienne actuelle…

Le deuxième de ces récits centrés sur le thème de ladisparition a été apprécié comme le plus intéressant par sa belleconstruction.    

 

« Dumême bois »           Marion Fayolle

Un premier roman pour l’auteure, jusqu’ici dessinatrice - deBD, de dessins de presse-   qui s’appuiesur ses souvenirs de jeunesse pour nous décrire la vie de ces paysans demontagne au quotidien pénible, au travail répétitif à la ferme familiale où secôtoient toutes les générations, sans que rien jamais ne change…

Pas de nomspour les lieux, ni pour les personnages, comme pour accentuer l’universalité dupropos dans ce roman qui mêle délicatesse et rudesse. Mais qui peut aussi,parce qu’il ne s’y passe rien, susciter l’ennui…

 

« Petitéloge de la lecture »    PEF (Folio2 Euros)

Nous connaissons tous et toutes les ouvrages de PEF pour laJeunesse débordant d’humour, de truculence et d’imagination (Moi, magrand-mère ; La belle lisse poire du Prince de Motordu ; Pincemi,Pincemoi et la sorcière, etc.)

Mais ici, PEF nous livre un essai autour de la lecture. Cellede l’écrit, des lettres, des livres mais aussi celle du mondeenvironnant : nature, paysages, ciel… qu’il nous offre comme « untrésor à partager » et dont il nous donne à voir l’invisible, à entendrel’imperceptible voix.

En 26chapitres foisonnant d’anecdotes, il nous fait rêver et rencontrer pas moins de104 personnalités de la littérature et des Arts. Une source de plaisirsassurée.

 

« Aquoi songent ceux que le sommeil fuit ? »    Gaëlle Josse

Dans une suite de plus d’une trentaine de« Microfictions », comme l’auteure nomme ces courtes nouvelles (de 2à 10 pages), on accompagne des silhouettes postées face à la nuit dans leurspensées, leurs réflexions, leurs doutes, leurs espoirs…

Cesinstantanés de vie, entrecoupés de très poétiques définitions de la nuit, nousplongent dans leur intimité.  Et nousnous sentons proches de ces « naufragés de la nuit » qui pourraitêtre chacun de nous…

« Sauvage »       Julia Kerninon

A Rome, Ottavia a quinze ans lorsqu’elle décide d’interrompreses études pour travailler en cuisine dans le restaurant de son père.

Aujourd’hui, à presque quarante ans, devenue cheffe de sonpropre restaurant, elle accorde à son métier LA priorité de sa vie, reléguantau second plan ses rôles d’épouse et de mère.

Julia Kerninon dessine dans ce texte éminemmentféministe  le portrait complexe d’unefemme volontaire, libre et passionnée qui s’interroge cependant sur le prix àpayer pour gagner -et garder- cette indépendance et se libérer enfin dupatriarcat familial.

 

« Kintsugi »    Isabel Gutierrez

Après bien des vicissitudes, Angèle, quinquagénaire et seule,décide de prendre le large et embarque sur un trois-mâts pour une traversée del’atlantique. Elle aura pour compagnie d’autres « cabossés de lavie »   comme elle. Mais parleurs échanges, ils finiront par se retrouver sans rien renier de leurpassé.  A l’instar du Kintsugi japonais,cet art de réparer faïences et porcelaines brisées au moyen de laque saupoudréed’or qui enjolive et magnifie sans cacher les blessures anciennes.

Un très beautexte où chaque lecteur peut se retrouver…

 

« Les semeuses »       Diane Wilson

 

Dans le Minnesota des années 2000, Rosie, devenue veuve,revient sur les lieux de son enfance et se remémore avec d’autres femmes de satribu les violences et l’acculturation subies par la population amérindienne àla fin du XIXème siècle lorsque les colons blancs décidèrent de leur confisquerleurs terres et les parquant dans des réserves.

Elle comprend, elle-même devenue agricultrice, toutel’ingéniosité de ses aïeules pour sauvegarder les graines de ce fameux maïs dudakota, symbole de leur culture ancestrale.

Récit intergénérationnel qui fait l’éloge des populationsamérindiennes mais, au-delà, donne à réfléchir, avec cette fable écologique,sur le sort réservé aux populations autochtones à la belle force communautaire.

 

« Cité de verre »      Paul Auster

 

Daniel Quinn, écrivain new-yorkais désormais seul, publiesous pseudonyme des romans noirs. Il reçoit une nuit un appel étrange d’unefemme demandant à contacter le détective Paul Auster seul capable de lui veniren aide. Après déni et hésitations, il accepte le « travail endossantalors le rôle du détective de ses ouvrages…

Mise en abyme, jeu de miroirs, duplications se succèdent avecune incroyable maestria dans ce texte qui nous oblige à nous questionner enpermanence : Qui est qui ? Qui nous parle ?

Ce premier volume de la trilogie new-yorkaise de l’auteurnous offre une promenade autour des questions sur l’identité, le double, lelangage, etc.

Du grand art qu’une deuxième lecture éclaire et enrichitimmanquablement…

 

« La langue des choses cachées »          Cécile Coulon

 

A la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend, à la placede sa mère dans un village reculé pour y soigner un enfant fiévreux.

Lui, si obéissant d’habitude, va être amené à transgresserles recommandations de sa mère tandis qu’il visite une deuxième famille dans levillage.

Mal lui en prend !! Il réveille alors un passé très lourd jusqu’alors enfoui dans lessilences, les non-dits de tous les habitants…

Dans ce conte noir où affleurent des fantômes d’une rareviolence, Cécile Coulon nous plonge dans une atmosphère de mystères et demalédictions, servie  par une écriturepoétique fascinante.

 

 

Nous nous donnons RVle lundi 30 Septembre à 14h.

           Nous pouvonslireou relire l’œuvre de Paul Auster

           Et nouspartagerons nos découvertes !

 

 

           Bonnesvacances et belles lectures !

M.R-M et F.L.

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