Lecture Françoise

11/11/2024

CR Atelier Lectures lundi21 Octobre 2024

« Frapper l’épopée »d’Alice Zéniter n’a pas fait l’unanimité mais plutôt suscité un sentiment de déception chez celles qui avaient admiré« L’Art de perdre ».  Certains ont trouvé l’histoire sentimentale entre Tass et Thomas, convenue, trop longue. Alors que l’ensemble de notre groupe s’est accordé pour considérer la fin du roman (les 100 dernières pages) comme beaucoup plus intéressante et originale.

Nous avons tous beaucoup appris sur l’Histoire du peuplement de la Nouvelle Calédonie, notamment sur la déportation des Communards et des Kabyles entre 1872 et 1876. Mais ce n’est pas un livre d’historienne. A.Z. écrit un roman et crée des personnages résolument contemporains. Tass, née en Nouvelle Calédonie d’une mère française et d’un père calédonien, jeune professeur de français en lycée regrette le sort qui est fait aux Kanaks. A travers deux de ses élèves, Célestin et Pénélope, elle découvre l’engagement clandestin de ceux qui aimeraient voir les choses changer. De façon non violente d’abord. Mais l’actualité nous dit qu’ils n’en sont plus là. Même si la majorité souhaite« vivre en paix ».

L’autrice va jusqu’à intervenir dans le récit en faisant « remonter »la vie d’un de ses ancêtres, Areski. Elle pourrait rencontrer ici des « cousins » venus de Kabylie, et leur combat devient alors le sien. Elle s’implique dans cette histoire et pour cela mélange les genres, fait revivre les ancêtres et apporte les connaissances historiques nécessaires à la compréhension.

Elle sait aussi manier toutes les nuances de la langue : parfois légère ou familière, celle-ci devient plus complexe, voire désuète ou recherchée. On retiendra la métaphore « du matelas à mémoire de forme » qui loin de lui procurer un sommeil profond, comme on lui a promis, réveille ou révèle le passage de ceux qui sont « chez eux. »

U nroman très riche et qui mérite une seconde lecture !!!

Lesmerveilles    Viola Ardonne       Ed. Albin Michel

Ce récit à deux voix - celle d’une jeune fille, Elba et celle du médecin psychiatre, « Le jeunot » qui va tenter de la remettre dans le monde « normal » - a été plutôt bien reçu et apprécié autant par son sujet que par son écriture puissante, souvent teintée d’humour et d’ironie. Mais aussi et surtout  par la profondeur des réflexions qu’il suggère.

Car bien au-delà de l’histoire d’Elba née dans un asile psychiatrique près de Naples, où sa mère est enfermée à tort,par abus de pouvoir de son mari, au-delà de l’histoire aussi de ses relations aisées  avec les autres pensionnaires de cet endroit, et de ses observations futées de ce « Monde à moitié » comme elle le nomme, où « vivent des fêlés »,au-delà, de longues années plus tard, des  souvenirs  et des regrets qui reviennent hanter « le jeunot », personnage aussi antipathique qu’attachant,  à l’aube de ses 75 ans, c’est aussi le récit d’un fort réquisitoire féministe.

On se souvient aussi de deux ouvrages récemment évoqués sur le thème des femmes internées pour le simple motif qu’elles« dérangeaient » leur entourage : « La salle de bal » de Anna Hope et « Le bal des folles » de Victoria Mas.  

Nos coups de cœur

LongIsland     Colm Toibin    Ed. Grasset

L’héroïne,Eilis, venue d’Irlande (déjà au centre du précédent ouvrage deColm Toibin « Brooklyn ») vit sereinement à New-York avec Tony son mari plombier italien et ses deux enfants adolescents.

Tout bascule lorsqu’un irlandais frappe à sa porte et lui annonce que sa propre femme est enceinte de Tony et qu’il viendra, dès la naissance, déposer « le bâtard » sur son perron…

Incapable d’accepter une telle future situation, Eilis prend prétexte des 80ans de sa mère pour s’échapper, temporairement, vers l’Irlande.

Mais la vie parfois s’avère très compliquée… Et Eilis sera tiraillée entre deux pays …et deux hommes.

Antonia :journal 1965-1966      Gabriella Zalapi     Ed. Le livre de poche

Nous avons déjà évoqué (cf. CR du 30/09/24) deux ouvrages de l’autrice dont « Willibald ».

« Antonia »peut être considéré comme le « préquel » de ce roman.

Nous retrouvons Antonia, (la mère de Mara, si intriguée par Willibald, son aïeul) à un moment difficile de sa vie. Sa plongée dans les archives familiales, tant du côté Autrichien que dans  la branche anglaise de Sicile, lui donnera  la force d’une émancipation salutaire.

Zouleikhaouvre les yeux       Gouzel Iakhina     Ed. Libretto  

Dans les années 30, Zouléikha, jeune paysanne tatare, mariée dès15 ans sans amour, accumule les malheurs : tyrannie de sa belle-mère, mort de ses quatre filles, assassinat de son mari. Alors que Staline entreprend la dékoulakisation du pays, elle se retrouve dépossédée de ses terres, et déportée avec le fils qu’elleporte en elle. Au terme d’un très long voyage en train vers le dur hiver sibérien, elle tentera, enfin, de se (re)construire, des’épanouir en faisant preuve d’humanité. Et comme un remerciement, elle découvrira « le miel » …

(Revoir aussi le premier ouvrage de Gouzel Iakhina : « Les enfants de la Volga »

Le rêve du jaguar    Miguel Bonnefoy        Ed. Rivages

Abandonné à trois mois sur les marches d’une église, Antonio connaîtra bien des tribulations et vicissitudes avant de devenir un éminent chirurgien vénézuélien. Son épouse, quant à elle, sera la première femme médecin du pays.

Cette saga trépidante, foisonnante – comme toujours chez Miguel Bonnefoy– d’une famille qui ne laisse de nous surprendre, se dévore plus qu’elle ne se lit !

Amiante       Sébastien Dulude      Ed. La peuplade

Grande perplexité d’une lectrice devant ce texte, pour le moins original, de ce poète québécois qui s’essaie ici à la forme romanesque.

En attente d’autres impressions à partager pour se forger un avis ….

« Madelaine avant l’aube » dernier roman de Sandrine Collette. (J.C.Lattès)

C’est l’histoire d’une petite fille affamée par un hiver très froid en bordure de forêt, qui  se fait adopter par des paysans soumis à leurs maîtres. Cette enfant qui ne connaît pas les limites va faire monter la rébellion et l’espoir de survivre…

« Rien n’est noir » de Claire Berest (Stock)

Une version romancée de la vie de Frida Kahlo. Une existence splendide et un amour fou pour Diego Rivera, le peintre le plus célèbre du Mexique, éternel séducteur…

« L’enragé »de Jorg Chalendon (Grasset) (déjà signalé dans une fiche précédente)

Un orphelin se retrouve enfermé dans la colonie pénitentiaire de Belle Île-en-mer. Nous sommes dans les années 30 et les conditions de détention sont très dures. Il réussit à s’enfuir et ne sera pas repris, exceptionnellement…

Nous nous retrouverons le lundi 18 Novembre à 14h dans la salle informatique du club.

A lire : « Le magicien » de Colm Toibin

« La barque de Macao » d’Antoine Choplin.

Bonnes lectures !

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